CÔTE D’IVOIRE
1987 – 1989
Africain un jour, africain toujours
Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
Du 7 Août 1960, Indépendance de la Côte d'Ivoire, au 7 décembre 1993.
On lui doit notamment les phrases suivantes :
"La Paix, ce n'est pas un mot, c'est un comportement"
"Un homme qui a faim n'est pas un homme libre"
Votre prochain voyage sera en terre Africaine
La Côte d'Ivoire est une invitation au voyage, je vous emmène à la découverte de cette étonnante Afrique à la richesse souvent ignorée.
Le Guide du routard décrit ainsi la Côte d’Ivoire :
« Vue d’avion, la Côte d’Ivoire, c’est un peu comme la palette du peintre : une grosse touche de vert écolo pour représenter la densité de la forêt, un filet de blanc pour son cordon littoral, des mèches de jaune paille pour les savanes mandé et sénoufo, un soupçon de brun pour les reliefs, des rubans d’ocre pour les voies de latérite ou de gris pour le bitume, du bleu pour ses lacs...
« Vue d’en bas, elle nous frappe violemment par ses contrastes socioculturels, économiques et architecturaux. Entre l’hyper modernisme, voire le futurisme de certains quartiers d’Abidjan, le néo-classicisme de Yamoussoukro et l’habitat traditionnel des villages reculés, comme ceux des pays Yacouba de la région de Man, ou Sénoufo du côté de Korhogo, il y a un gouffre !
Nous y passerons 2 années inoubliables.
Langue officielle : français
Monnaie : le franc CFA
1er producteur mondial de Cacao, et 3è de Café
YAMOUSSOUKRO
Le remplacement d'Abidjan comme capitale de la Côte d'Ivoire par Yamoussoukro, naguère village inconnu du pays Baoulé n'a surpris personne. Transformé depuis l'indépendance en une véritable ville, son impressionnant réseau de voies, larges comme des autoroutes et éclairées en permanence, laissait présager un destin éclatant. Capitale officielle depuis le 21 mars 1983, Yamoussoukro, village natal de l'ex-président Houphouët-Boigny, le devenait depuis quelques années officieusement, mais de plus en plus clairement.
Car il n'y avait pas que ses artères colossales... et colossalement vides pendant longtemps pour soulever l'étonnement, puis le soupçon qu'il allait ici se passer quelque chose de particulier. Depuis son brusque développement, il ne se construisait pratiquement pas de bâtiment public ou commercial sans que ses dimensions ou son architecture souvent imposante ne lui conférât une solennité, longtemps insolite dans une agglomération où les "vides" dépassaient de loin les "pleins".
Le quartier résidentiel, vue de la terrasse de l’hôtel Président.
Nul ne peut oublier l’impression de stupeur que le visiteur ressentait, lorsqu’au centre d’un quartier pratiquement désert et sans végétation, à gauche de la route bitumée qui pénétrait dans la ville en venant d’Abidjan, il découvrait l’hôtel Président (285 chambres et une capacité d'accueil de 800 personnes, avec son restaurant panoramique à son sommet, une galerie marchande, un cinéma, un solarium et une discothèque),
et son golf 18 trous (le plus grand de Côte d’Ivoire),
puis, un peu plus loin, l’énorme Maison du Parti-Palais des Congrès. Les matériaux précieux et en particulier le marbre dont ils étaient composés, ainsi que leur masse impressionnante apparaissaient alors depuis l’avenue centrale sans que rien, ni maisons plus modestes, ni végétation digne de ce nom, ne vient en atténuer la pompe.
Peu à peu, certains vides se sont comblés dans les différents quartiers délimités par des artères aussi larges que l’imposante avenue centrale, coupant la ville en deux et passant entre les gares routières, groupées autour d’hôtels plus modestes que le Président, du marché et des quatre lacs artificiels.
Au bout de cette avenue, avant de tourner à gauche, l'immense propriété du président FHB, entourée de lacs artificiels infestés de crocodiles, on en estime le nombre à environ 200. Chaque soir vers 17h se déroule le "festin" des caïmans. Devant les badauds, l'honorable "ancien" donne la nourriture aux sauriens puis descend sur la berge prend la queue d'un animal et simule de la lui trancher pour la joie des touristes désireux de faire une photo insolite.
Si on arrive en dehors du créneau horaire on peut moyennant quelques CFA donner une volaille à ces animaux afin de les faire sortir du lac. Un spectacle impressionnant !
À gauche, le quartier de l’habitat, ou l'on trouve beaucoup de villas des professeurs. De l'autre côté du lac, se situe le restaurant Pazé.
À droite, une avenue plus large que les Champs-Élysées, assortie de lampadaires plus hauts que ceux de l'A16, conduit aux grandes écoles. On y trouve aussi la préfecture ainsi que l'hôtel de ville, le terrain de foot des "Éléphants" pour finir en cul de sac au milieu de la brousse.
L’ENSTP (École nationale supérieure de travaux publics). Cet établissement construit en 1975 sur un magnifique parc arboré de 70 hectares, se présente sous la forme de 4 énormes cubes de béton parcourus de coursives, entourés de hautes voûtes et reliés entre eux par des allées de gravier lavé plantées de fleurs et de verdure et parsemées de pièces d’eau.
Un peu plus loin l’INSET (Institut National supérieur de l’Enseignement Technique) retranchée derrière l’étang qui la sépare de sa voisine, s’étale sur près de 65 hectares juste à l’orée de la brousse. De prime abord, elle semble moins impressionnante que l’École des travaux publics, sans doute à cause de son architecture moins compacte ; cependant le bâtiment central, avec son hall d’entrée majestueux tout en hautes arches carrelées, sa bibliothèque « enfouie » décorée de fresques colorées et ses allées s’éloignant en rayons vers les différentes sections d’enseignement de l’établissement, ne laissera pas de surprendre par sa recherche et son originalité architecturale.
Dernière grande école : l’ENSA (École nationale supérieure d’agronomie), également appelée l’Octogone, en raison de la forme de son bâtiment principal, sis sur un terrain de 11 hectares. Sans doute la plus désolée d’entre toutes, bien qu’également de belle facture : les travaux de sa réalisation n’ont pas été menés à bien par rapport au projet de construction initial, et ni les têtards et poissons marinant dans l’eau vaseuse du cours d’eau qui parcourt l’allée centrale, ni la myriade de panneaux indiquant les différentes salles dévolues aux multiples enseignements spécialisés dispensés dans l’école ne parviennent plus à donner le change.
A l’extrême ouest, sur une colline, se trouve la Fondation Houphouët-Boigny, immense bâtiment faisant honneur au marbre et au bois précieux, prolongé d’une vaste esplanade de marbre illuminée par de nombreux réverbères et entourée d’un « jardin à la française ». Elle fit longtemps l’objet de vives polémiques, puisque personne ne savait à quoi elle était destinée. On a parlé d’Assemblée nationale ou d’une structure gouvernementale de la plus haute importance. Mais ces instances sont encore à Abidjan. En revanche, on dit aujourd’hui que cette Fondation serait destinée à une grande organisation internationale culturelle ou autre… Quoi qu’il en soit, cet immense et somptueux complexe qui s’enfonce sur 3 niveaux, climatisé en permanence, ne sert que deux ou trois fois dans l’année pour des séminaires et colloques internationaux.
La basilique Notre-Dame-de-la-Paix
Notre-Dame-de-la-Paix est née du talent d’architecte de Pierre Fakhoury, libanais d’origine mais ivoirien de cœur. En effet, à l’issue d’un concours organisé de fin 1984 à début 1986, et qui mettait aux prises plusieurs grands noms de l’architecture d’aujourd’hui, c’est finalement son projet qui fut choisi par le Président HB, le 4 février 1986. Se mettant aussitôt au travail sur le terrain, Pierre Fakhoury fit en sorte que les délais de construction soient respectés, c’est-à-dire un achèvement prévu, dès le départ, pour l’automne 1989.
Par le style donné à l’édifice, avec son dôme haut de 158 mètres rappelant par sa forme celui de Saint-Pierre-de-Rome, mais en beaucoup plus grand,
L’architecte répondait au goût du Président ivoirien pour le néo-classicisme, avec le jeu de ses très nombreuses colonnes particulièrement appréciées par M. HB. Le dôme pourrait contenir Notre-Dame-de-Paris. Certains dirons que la construction, dont la démesure impressionne (marbre, bois précieux, vitraux mettant en scène le président, ascenseurs tubulaires dans les colonnes, climatisation, etc.) a été financé en grande partie par les caisses de l’état. Après de nombreuses années de polémiques sur sa pertinence (le catholicisme n’est pas la religion majoritaire), elle est aujourd’hui propriété du Vatican. Du fait de son grand coût d’exploitation, elle n’est plus illuminée qu’une fois par an (à Noël).
Avec la Basilique Notre Dame de la Paix, la grande mosquée de Yamoussoukro, elle aussi œuvre (la première) de Félix Houphouët-Boigny est un joyau architectural qui fait la fierté de la capitale politique. Rares sont les dirigeants musulmans, nationaux ou pas, qui séjournent à Yamoussoukro sans y adresser une prière à Allah.
La vie à Yakro
La maison, quartier des millionnaires
Construction de notre payotte
Elle fait partie, aujourd'hui, de la cour de récréation des Colibris.
Le personnel
Les écoles françaises
ABIDJAN
Située dans le sud du pays au bord de l’océan Atlantique est la capitale économique du pays depuis 1984.
Elle est le chef-lieu du département portant le même nom et peuplée d’environ 6 millions d’habitants.
C’est une ville moderne situé à 6h00 de vol de Paris.
Un subtil patchwork de terre et de lagunes.
Selon la légende, des colons français qui exploraient la région d'Abidjan rencontrent un vieil homme. A la question des étrangers lui demandant le nom de l'endroit où ils se trouvaient, il répondit : « je reviens de couper des feuilles dans la forêt », ce qui veut dire en langue Ebrié « Téchan M'bi djan ». L'oreille peu exercée des français aurait entendu «Abidjan».
Ainsi fut baptisée la ville qui, le 1er janvier 1934, devenait le chef-lieu de la colonie et, le 4 décembre 1958, prenait le titre de capitale de la République de Côte d'Ivoire après Grand-Bassam et Bingerville et avant Yamoussoukro.
Abidjan, c'est d'abord le quartier du Plateau.
Surnommé par certains le "Manhattan des tropiques", Le Plateau avec ses nombreux immeubles surplombe la lagune Ebrié.
Les grands immeubles lui donnent un aspect très moderne.
Les grandes institutions y sont implantées tout comme les grandes banques.
Une partie de la ville en pleine effervescence durant la semaine et étonnamment calme le week-end.
La Cathédrale Saint-Paul d’Abidjan est un édifice religieux catholique réalisé à Abidjan, par l'architecte italien Aldo Spiritom, à l'initiative du Président Félix Houphouët-Boigny. La première pierre de cette cathédrale a été bénie le 11 mai 1980 par le Pape Jean-Paul II à l'occasion de sa première visite pastorale en Côte d'Ivoire. Il a également consacré l'édifice achevé le 10 août 1985 lors d'une seconde visite dans ce pays. Le coût de réalisation de cette œuvre architecturale est estimé à 6 milliards de francs CFA.
Elle est construite selon une architecture futuriste.
De couleur blanche elle évoque une tente et la voile d’un navire avec son mât-clocher et ses haubans.
Cocody
La renommée de cette localité résidentielle s'est construite autour de son quartier des ambassades, où de spacieux jardins surplombant la lagune enjolivent de fort belles demeures à
l'architecture luxueuse. Cocody a l'énorme avantage d'être un faubourg autonome : la plupart des écoles primaires et secondaires y sont regroupées qui, s'ajoutant à l'université, à l'École
Nationale d'Administration, à l'Institut des Arts, etc.… en font un véritable centre culturel. La radiotélévision ivoirienne (RTI) y est également installée. Avec ses hôpitaux, ses marchés
réaménagés et ses divers centres commerciaux (dont l'Espace Latrille, abritant la plus grande galerie commerciale de la sous-région), Cocody ne manque de rien. Ses extensions (Riviera,
Deux-Plateaux, Angré…) sont toutes aussi agréables à vivre.
Mais Cocody, c'est aussi le marché, quartier de l’artisanat où rivalisent de beauté poteries et sculptures artisanales.
La patinoire d'Abidjan
Quel privilège pour les Ivoiriens "aisés", cette patinoire...
Vous vous rendez compte ? De la glace à Abidjan ?
Carrément insolite...
Aux alentours d’Abidjan il y a de plus, plusieurs possibilités d’excursions : la ville historique de Grand-Bassam, les incomparables plages d’Assinie, les plantations d’ananas de Bonoua à perte de vue…
ASSINIE
Les incomparables plages d’Assinie
Située à 80 km à l'est d'Abidjan, Assinie est une station balnéaire de Côte d'Ivoire, au bord du golfe de Guinée.
Deux villages de vacances y ont été construits : Assinie (à l'origine le Club Méditerranée) et Assouindé (La Valtur).
Elle a constitué le lieu de tournage du film Les Bronzés avec Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Michel Blanc, Gérard Jugnot, Michel Creton, Christian Clavier, Marie-Anne Chazel, Dominique Lavanant, Luis Rego, etc.
Cette zone est la destination privilégiée des Abidjanais aisés pour le week-end.
GRAND-BASSAM
Située à 40 km d’Abidjan Grand Bassam est une station balnéaire très cotée de la Côte d’Ivoire.
La ville se veut un mélange de maisons anciennes de l’époque coloniale et de la ville africaine très dynamique.
Les Abidjanais aisés s’y rendent le week-end en villégiature.
Première capitale de ce qui était alors colonie française de Côte d’Ivoire de 1893-1900, la ville historique de Grand-Bassam, également appelée « quartier France », est construite sur un lido de terre entre la Lagune Ouladine au nord et l’Océan Atlantique au sud. Le choix du site répondait à des exigences de sécurité et de défense.
Grand-Bassam, c'est aussi un grand marché d’artisanat en bord de route.
Situé de part et d’autres de la chaussée, on y trouve de nombreuses richesses réalisées par les artisans pour la plupart sur place.
Tous les marchands méritent d’être visités.
Mais c'est encore et surtout les délicieuses langoustes.
MAN
Au cœur du pays Yacouba, est une petite bourgade au pied de belles montagnes en forme de pains de sucre.
A l’ouest de Man, on suit une piste qui passe à proximité d’une cascade. À chaque tournant, la vision change : ici c’est une mare qui scintille sous les arbres, là s’étalent les rizières ou des champs de manioc, plus loin se balancent des bananiers. La dernière partie du trajet se fait à pied, dans l’ombre ravissante d’énormes bouquets de bambous. Par un escalier pratiqué dans les rochers, on descend vers la rivière, au milieu d’une forêt dense. Puis il nous faut franchir un pont fait de grosses et de fines lianes accrochées aux arbres de l'une et l'autre rive.
La première pensée est de se demander comment on va pourvoir le traverser, la deuxième concerne la façon dont les peuples dits "primitifs" ont pu avoir l'ingéniosité nécessaire pour le bâtir. En ce qui concerne la première question, la réponse est : surtout ne pas fermer les yeux et bien regarder ou on met les pieds. La deuxième reste du domaine du mystère, puisque le pont est réalisé en une seule nuit par les seuls initiés.
Toutefois, il faut avoir un certain courage pour entreprendre le passage sur le pont, parce qu'au fur et à mesure que l'on traverse, on a la vague impression qu'on oscille sur l'eau, qu'on se balance. Ce sentiment de flotter dans l'espace est dû aux tourbillonnements de l'eau. On arrive enfin à une très jolie cascade.
TORTIYA - A la recherche du dernier diamant
Le bout du monde. A perte de vue, un paysage lunaire avec quelques épineux tourmentés par l’harmattan, ce vent du désert porteur de tous les miasmes et générateur de toutes les épidémies. Le ciel est brouillé par le sable en suspension. Quelques kilomètres après avoir franchi la rivière Bandama au détour de la piste, on découvre soudain un spectacle hallucinant : sur des dizaines de kilomètres carrés d’une terre truffée d’excavations, de monticules, de galeries, tournée depuis un demi-siècle, des milliers d’hommes et d’enfants (qui parfois ont moins de douze ans) à demi nus creusant, cassant, tamisant, courant jusqu’aux trous d’eau, fouillant fébrilement la gangue humide pour découvrir ce caillou minuscule, encore moins brillant qu’un petit bout de verre brisé, qui taillé à Anvers sera dirigé vers les grands bijoutiers de la place Vendôme ou plus sûrement, compte tenu de la médiocrité du produit local, vers l’industrie.
Ce ne sont pas les mines du roi Salomon. Ici, c’est Tortiya, jadis important gisement diamantifère exploité de 1946 à 1976 par SAREMCI (société anonyme de recherche et d’études minières en Côte d’Ivoire), aujourd’hui livré à des milliers d’Africains venus principalement du Mali ou du Burkina Faso qui échouent Ici comme des moustiques sur des tubes de néon. Le gisement est une fourmilière, une termitière. Les africains de Tortiya, véritables forçats de la mine ? se contentent donc des miettes abandonnées après le festin. Ils les recherchent fébrilement dans des souterrains non étayés, éclairés à la bougie, sans précautions élémentaires, sans casques. Les éboulements sont fréquents surtout à la saison des pluies.
Pendant 30 ans, les trente glorieuses de l’exploitation, la Saremci réussit à extraire industriellement 4 500 000 carats soit 900 kilos de diamants. Certes, ce n’était pas Kimberley en Afrique du sud mais il arrivait aux orfèvres de la place Vendôme, dont les frères Chaumet, d’utiliser pour leurs parures des pierres en provenance de Tortiya. Une soixantaine de spécialistes français encadraient un millier d’ouvriers africains. Une petite ville était née. Mais au fil des années le filon diminua. En 1976, la Saremci décida d’arrêter les frais. Des espagnols associés à des israéliens tentèrent de reprendre l’affaire mais la déconfiture fut rapide.
Aujourd’hui, le Tortiya d’autrefois n’existe plus, bien que d’immenses fromagers ombragent encore les cases qu’habitaient jadis les mineurs européens et leurs familles. Ici, la vasque ou s’ébattaient les gamins ; là le jeu de boules, plus loin le cercle. Mais tout paraît en ruine ; les rues sont défoncées, jonchées d’ordures et le sable venu du désert se fraye son chemin, inexorablement. Toute rose, la petite chapelle Saint-Nicolas où furent baptisés plusieurs dizaines d’enfants est dans un état de semi-abandon. La porte grince et les aigrettes cancanent sur le toit. Un village oublié du Far West au terme de la ruée vers l’or. Plus à l’est des carcasses arachnéennes : ce sont les anciennes installations de la mine, à demi enfoui dans le sol effondré : broyeurs, concasseurs, rampes de stockage servent aux jeux de quelques gamins de même que les tracteurs ou les extracteurs mobiles oubliés par les espagnols. Un arbre a pris ses racines dans ce qui fut un bâtiment administratif. Même impression d’abandon et d’oubli que dans les ruines de l’ancien bagne de Saint-Laurent du Maroni.
Et pourtant ici il y a des forçats. Par milliers. De l’aube au coucher du soleil, parfois la nuit pour quelques clandestins, ils courent d’un bout à l’autre des concessions. Quête permanente et organisée pour les victimes de ce nouveau mirage africain : les 50 kilomètres carrés du gisement ont été découpés en parcelles de 25 hectares environ et loués. Draman a 13 ans, il est couvert de boue des pieds à la tête. Il agite un tamis dans une eau rougie par la latérite : avec son père et ses frères aînés il travaille pour le compte du patron qui a loué la concession pour 400 000 francs CFA par an au gouvernement ivoirien.
Abrité sou un parapluie le patron surveille l’opération tamisage qui se déroule chaque après-midi, alors que l’extraction est entreprise le matin : de ses petits yeux perçants il guette le moment ou un des chercheurs viendra jeter à ses pieds le contenu d’un tamis car il a cru déceler un éclair, une brillance inusitée, une trace de cette légendaire Kimberlite qui affola le monde autant que l’or. Alors le Patron s’accroupit et avec une baguette trie la masse de cailloux comme une ménagère le faisait jadis pour les lentilles.
Koné Suriki a travaillé 18 ans avec la Saremci comme mineur. Il a mis un peu d’argent de côté et emploie une cinquantaine de personnes dont des femmes et plusieurs enfants, mais cela ne semble lui poser aucun problème moral. Sa hantise c’est qu’un des tâcherons qu’il domine, assis sur son pliant, ne soustrait à sa vigilance un diamant. La coutume veut que 70% de la vente du diamant revienne au patron et 30% au mineur. Ils sont trente à soixante mille à survivre aujourd’hui à Tortiya grâce au petit caillou brillant. Le minimum vital c’est un carat par mois et par personne.
A la paillotte de Marius
Nous garderons un excellent souvenir de notre week-end passés à la paillote aux côtés de Marius, Adjoua et de leurs "enfants" César et Fanny (des chimpanzés!).
Ils sont encore quelques-uns comme lui à traîner leurs guêtres en Afrique. Ces vieux français n’arrivent pas à s’arracher à cette terre qui est un peu la leur. On l’appelle Marius « le presque sauvage ». Il se nomme en réalité Marius Sauvade. Ce stéphanois de 51 ans, ancien pétrolier, est arrivé à Tortiya il y a 34 ans pour le compte de la Saremci. A la fin de son contrat et quand l’entreprise a plié bagage il est resté. Il a loué une concession de 100 hectares et s’est fait chercheur de diamant. Il a renoncé très vite car, dit-il, « on ne gagne pas assez d’argent sur une exploitation artisanale ». Depuis 15 ans, il cultive son jardin dont il sert ses légumes dans l’hôtel de brousse qu’il a ouvert avec Adjoua, sa femme ivoirienne, sur les bords de la rivière Bandama. Tous les français de Côte D’ivoire font un jour le voyage de Tortiya pour contempler les forçats du diamant et surtout faire la connaissance de Marius dont la barbe, les cheveux blancs et les coups de gueule sont connus à des lieux à la ronde.
Nous y reviendrons 1 an plus tard avec Paulette et JP.
Une petite histoire de Pépite
Je l'ai encore en travers de la gorge...
Vous voulez que je vous la raconte et bien voilà, Marius vendait des pépites qu'il montait en pendentif, il lui en restait une seule, et nous étions deux à la vouloir, Paulette et moi. Donc, dans un grand élan de bonté, je l'ai laissé à la frangine. Il faut dire que je la voulais avec un petit diamant incrustré et Marius m'avait promis de me la faire parvenir à Yakro. Je l'attends toujours et "la Pau" me nargue maintenant avec la sienne.
Une virée dans la pampa...