Le parc de la Schappe

 

Briançon

 

 

Mai 2017

 

 

 

 

Dimanche 21 mai 2017

 

 

Un lieu chargé d'histoire...

 

Un rendez-vous obligé de tous les briançonnais. On y vient en famille avec les enfants, entre deux cours au lycée, avec le pique-nique à l'heure du déjeuner, pour y faire de l'accro-branches ou donner à manger aux canards...

Dès l'entrée du parking, la maison qui fait l'angle, supporte un joli clocheton qui devait sonner le début et la fin de la journée de travail pour les 1200 ouvriers que compta l’usine à droite.

Le parc de la Schappe est l'oeuvre de Laurent Delphin, commandant de la place de Briançon et gendre du directeur de l’usine, qui se lance en 1815 dans un projet extravagant : convertir d'anciennes carrières arides en un parc luxuriant à la mode orientale, avec un lac orné d'un pont japonais, d'un îlot et d'une pagode.

Il est racheté à l’usine de la Schappe par la ville de Briançon en 1955.

L’aqueduc qui amenait l’eau à l’usine.    

Mais il est temps de flâner dans ce parc au charme désuet du XIXe siècle, sur le sentier découverte qui forme une boucle de 1 km...

… et de laisser le regard se perdre au bout des belles perspectives que surplombe la Cité Vauban.

 

 

L'usine de la Schappe

L'usine de la Schappe de 1840 à 1933, employés au peignage des déchets de soie en provenance du Japon, de Chine, de Grèce, des Indes, d’Italie et de France, pour fabriquer la « Schappe » (fil de soie) qui a laissé son nom au parc.    

Le règlement était très dur. Joséphine Faure raconte :

"Oh, c'était controlé, il y avait la visiteuse, si elle trouvait plus de cinq petites saletés dans le voile, allez, hop ! Il fallait tout refaire, on le passait à la machine... Et puis il y avait la surveillante, elle était sévère. Et moi j'étais une gamine, j'aimais bien parler, j'étais souvent debout, alors ma punition c'était d'enlever la chaise, et travailler toute une journée debout, des fois huit jours debout. Vous savez que c'était pénible, surtout le lundi, quand on arrivait du dimanche, quand on était allé un peu danser ou se promener quelque part, c'était pénible, mais après on s'habituait."

 

Pour celles qui ne sont pas logées par l'usine, il reste le système de la chambrée.

Voici le récit d'Emma Bonnardel, originaire du Bez :

"On couchait comme on pouvait. Nous, on avait deux lits, y avait le lit de mon père qui couchait avec un de mes frères, et puis nous les deux filles. On apportait pas mal du Bez, de la viande, des oeufs, tout ce qu'on pouvait apporter du Bez. Ma mère, elle faisait beaucoup de beurre, du fromage blanc, tout ça on apportait du Bez, vous voyez." 

"Moi, je suis arrivée une fois en retard à l'usine. Le directeur, M. Vial m'a dit : "Vous êtes arrivée en retard, donc vous allez avoir une punition." Et je sais pas si y m'avait pas mise à pied trois jours. J'étais pas payée. Oh, c'était sévère, hein, c'était même très SEVERE."

Une photo d’archive : Briançon 2005    

Mais une page s’est tournée dans la nuit du 5 octobre 2014, quand un incendie s’est déclaré dans ce grand bâtiment datant du 19ème siècle. 80 sapeurs-pompiers de Briançon, Serre Chevalier, Val-des-Prés, L’Argentière-la-Bessée, Guillestre, Embrun et Gap ont été engagés pour venir à bout des flammes qui ont détruit en quasi-totalité du bâtiment qui était haut de cinq étages, long de 125 m et large de 18 m.

L’histoire de l’ancienne usine s’en est donc allée. Celle de ses murs, du moins.

Plusieurs projets de reconversion se sont fait jour ces dernières années, mais aucun n’a été mis en oeuvre.